Comment devenait-on joueur du Sporting ? Pour un gamin de Bel-abbès, et nous savons que la majorité d’entre eux, joueurs des rues ou des terrains vagues, en rêvait, il fallait d’abord avoir atteint l’âge requis pour répondre à la convocation lancée par voie de presse et par affichage sur le tableau installé sur la façade du café Alba : une journée de détection était organisée à Paul André vers la fin Août à l’intention des candidats à l’équipe Minimes examinés ce jour-là par les éducateurs « maison » Nieto le technicien et Gomez le factotum entourés de quelques joueurs de Ière disponibles et de dirigeants. Il faut dire que près d’une centaine de candidats, venus par bandes et dont certains se connaissaient déjà pour s’être affrontés dans des rencontres inter-quartiers, se présentaient à cette sélection et s’efforçaient de donner le meilleur d’eux-mêmes à tous les exercices proposés( conduite et frappes de balles arrêtées et en mouvement puis séries de petits matches avec alternances d’effectifs et de positions…) dans l’espoir d’être conviés aux étapes suivantes qui verraient le nombre des postulants se réduire progressivement, après éliminations
successives, pour atteindre finalement après plus d’un mois d’observation et une demi-douzaine de séances le total recherché d’une quinzaine de joueurs retenus. Ces derniers, comprenant quelques « anciens » de l’année précédente auxquels venait s’ajouter la promotion recrutée, recevaient alors de façon symbolique, dans une réunion tenue au siège du club rue de Strasbourg, un équipement complet (maillot, short et bas) ainsi qu’un bon d’achat de chaussures à aller choisir chez Méchaly. Ainsi pourvus d’un matériel dont l’entretien leur incombait nos Minimes se voyaient intronisés « membres du SCBA » et avaient à cœur de le prouver désormais sur tous les terrains d’Oranie.La simple relation chronologique de ce recrutement exprime très imparfaitement les divers sentiments qui habitaient chacun des prétendants lors de ces journées qui influeraient de façon importante sur la façon dont ils vivraient leur adolescence : d’abord la hantise de ne pas être à la hauteur des exigences requises puis le désir légitime de montrer son savoir-faire et surtout la crainte de se voir séparé des copains à l’issue du choix final.